Gérer ses ravitaillements postaux
Que l’on déplace à pied, à vélo, en canot ou par tout autre mode de transport, une expédition est ponctuée de ravitaillements. Lorsque des villes d’importance se trouvent le long de son itinéraire, on peut généralement y trouver tout ce dont on a besoin.
Cela dit, dans les régions plus isolées, cette tâche peut s’avérer difficile, comme sur la Route blanche. Il peut alors être avantageux ou nécessaire d’effectuer des ravitaillements postaux.
À la différence d’un envoi postal régulier, on ne dispose alors généralement pas d’adresse où recevoir le colis. Il est tout de même possible de procéder. Ce texte aborde la question, et offre quelques conseils pour ce faire.
Où envoyer
Un bureau de poste constitue une adresse de choix. En effet, il est possible d’envoyer un colis directement au bureau de poste avec le service de poste restante (PR) ou general delivery (GD). Bien que le terme « poste restante » soit plus commun dans le monde, ce n’est pas le cas au Canada, à l’exception du Québec, et aux États-Unis où l’usage de « general delivery » est préférable.
Normalement, ce service est destiné aux voyageurs et voyageuses qui demeurent à un endroit fixe. Au Canada, il est en théorie nécessaire d’appliquer au programme au bureau de poste, et ce, en personne. Le cas échéant, il est possible de recevoir des colis à cet endroit pendant quatre mois.
Cela dit, il est impossible de s’enregistrer à l’avance pour recevoir son colis au moment où l’on traverse la ville de destination, potentiellement pour la première fois. Conséquemment, le colis sera retourné 15 jours calendaires après son arrivée, une date qui peut parfois varier de plusieurs jours. Il est donc souhaitable de contacter le bureau de poste avant d’effectuer l’envoi.
Malheureusement, Poste Canada ne fournit pas le numéro de téléphone de ses bureaux. Il faut donc user de diverses stratégies pour réussir à le trouver afin de demander à ce que le colis soit retenu. Les Pages jaunes peuvent servir à cette fin. Dans des villages particulièrement isolés, il peut cependant être nécessaire de contacter un commerce local pour leur demander le numéro de téléphone du bureau de poste.
En discutant avec une employée ou un employé du bureau de poste, on peut confirmer les détails de l’envoi pour éviter tout problème. En effet, le système de poste restante est avant tout basé sur le bon vouloir des responsables locaux. En cas de manque d’espace, les envois de ce type sont les premiers à être renvoyés à l’expéditeur. De plus, la concurrence entre les différents services postaux les pousse souvent à refuser les colis transportés par d’autres compagnies, comme UPS.
Accessoirement, pour maximiser les chances de retenue, il est peut-être bénéfique de fournir des renseignements supplémentaires sur l’étiquette de livraison. Par exemple, on peut y indiquer « Hold for cyclist » ou « Retenir pour cycliste ». Cela dit, cette ligne n’est pas systématiquement disponible sur les formulaires d’envoi. On peut alors utiliser le champ destiné au nom de la compagnie, si disponible. Autrement, si on effectue soi-même l’envoi, on peut l’écrire directement sur la boîte.
L’adresse à utiliser est celle du bureau de poste, laquelle est indiquée sur le site de Poste Canada, où l’on remplace le numéro civique et la rue par l’abréviation « GD » ou « PR », suivi du code de succursale tel que « STN A » ou « SUCC A ». Pour le connaître, on doit contacter le bureau de poste.
Par exemple, voici les informations que l’on fournirait pour un colis à destination de Calgary, en Alberta, conformément aux directives d’adressage françaises officielles de Poste Canada :
Destinataire : | JOHN DOE |
Adresse : | PR SUCC A |
Municipalité et code postal : | CALGARY AB T0H 1A0 |
Cela étant dit, à plusieurs bureaux de poste, on recommande plutôt d’indiquer le numéro civique et la rue de celui-ci, suivi de l’abréviation « GD » ou « PR ». Voici de quoi aurait l’air, en utilisant cette méthode, un envoi à destination d’Inuvik, aux T-N-O :
Destinataire : | JOHN DOE |
Renseignements supplémentaires : | HOLD FOR CYCLIST |
Adresse ligne 1 : | 187 MACKENZIE RD |
Adresse ligne 2 : | GD |
Municipalité et code postal : | INUVIK NT X0E 0T0 |
Aux États-Unis, l’United States Postal Service offre pour sa part le numéro de téléphone de ses bureaux de poste. Aucune inscription au service n’est nécessaire, mais il est recommandé de contacter le bureau de poste préalablement. Les paquets sont conservés au plus 30 jours. Il convient d’y remplacer les quatre derniers chiffres du zip code par « 9999 ». Dans ce cas, l’adresse d’envoi pourrait ressembler à la suivante :
Destinataire : | JOHN DOE |
Renseignements supplémentaires : | HOLD FOR CYCLIST |
Adresse : | GENERAL DELIVERY |
Municipalité et code postal : | FAIRBANKS AK 99701-9999 |
Comment envoyer
Pour les envois postaux, on distingue deux écoles de pensée : la bounce box et les envois distincts. Le premier type d’envoi consiste à relayer la même boîte, ou plusieurs séries de boîtes, tout au long de l’itinéraire. Le second est l’envoi d’une panoplie de paquets dans chaque point de ravitaillement.
Avec une bounce box, on peut transférer une partie de son inventaire à un autre bureau. Ainsi, si un objet est inutile pour les prochaines semaines, on peut l’intégrer à la boîte et le récupérer plus tard sans avoir à le transporter entre temps. Ce système permet également de ne jamais jeter quelque chose si l’on se retrouve en surplus, par exemple de la nourriture déshydratée.
Cette méthode représente toutefois quelques désavantages. D’abord, elle peut être plus coûteuse en raison de la dimension et de la masse de la boîte ou parce qu’elle limite l’usage des services d’envoi gratuit (discuté ci-dessous). Ensuite, elle ne permet pas un ravitaillement à court terme. Par exemple, si on veut un ravitaillement une fois par semaine, il est souhaitable de transférer deux boîtes en alternances ou plus, puisque le délai de livraison est de plus d’une semaine.
Finalement, la gestion de l’adresse de retour d’un tel envoi peut être problématique, notamment pour un voyage à l’international. Les frais d’envoi d’un bureau de poste à l’autre sont locaux, alors que le retour, le cas échéant, serait alors international, mais gratuit. Cela s’apparente à la fraude consistant à ne pas apposer de timbre sur une enveloppe et à inverser l’adresse de destination et de retour. Le cas échéant, l’enveloppe serait théoriquement envoyée à l’adresse de retour (la destination) gratuitement. Le destin d’un tel colis serait pour le moins incertain. S’il contient des biens de valeur, cela peut être un problème majeur.
L’envoi de multiples colis évite ces désavantages, mais ne permet pas de transférer du matériel. Cela dit, en faisant affaire directement avec des commerces offrant les items désirés, il est souvent possible d’éviter tous les frais d’envoi. Cela est particulièrement avantageux pour les envois en régions éloignées.
La plupart des commerces offrent la livraison gratuite à partir d’un certain montant, généralement 50 $ ou 100 $. Conséquemment, on peut par exemple commander 80 $ de nourriture déshydratée, augmenter le total à 100 $ avec des barres tendres, puis profiter de la livraison gratuite, et ce, à des endroits où la livraison peut parfois coûter plus cher que la valeur du paquet.
Plusieurs commerces ont toutefois des clauses limitant les envois en région éloignée, de même qu’en poste restante, et il est donc impératif de vérifier cela a priori. Cette méthode représente également l’avantage significatif d’un remboursement en cas de paquet non récupéré, et ce, généralement sans égard au responsable de la non-livraison.
Cela étant dit, il est nécessaire de se questionner sur l’éthique d’un tel procédé. Profiter des largesses de certains commerces peut s’apparenter à un abus et peut représenter une nuisance importante pour de petites entreprises, de même que pour des coopératives.
D’autres optent donc pour l’envoi de plusieurs colis à partir d’un endroit déterminé et paient les frais pour cette livraison. Ce faisant, il est toutefois possible d’économiser en déshydratant soi-même sa nourriture, par exemple.
Cauchemar potentiel
Les envois postaux permettent une flexibilité intéressante. Cela dit, si une expédition est basée sur des tels ravitaillements et qu’un d’entre eux n’arrive pas à bon port, où trop tard, cela peut être très problématique.
Lors de mon voyage dans l’Arctique, l’an dernier, deux de mes envois ont posé problème. Un contact m’avait donné la mauvaise adresse pour le premier et j’ai dû le faire livrer par avion en urgence. Le second accusait près de deux semaines de retard et un automobiliste a dû transporter un autre paquet à destination pour le remplacer. Celui a été retourné à l’expéditeur et j’ai été remboursé.
Je m’en suis bien tiré par le passé, mais à force de prendre le même risque, je devrai un jour en payer le prix. Pour l’expédition Route blanche 2020, Samuel et moi aurons à gérer six envois postaux. Autant que possible, ces envois seront acheminés à nos contacts dans les différents villages plutôt qu’en poste restante. Pour tous les envois, nous diviserons les commandes en deux afin de maximiser les chances qu’au moins un d’entre eux se rende à destination.
Références
Comment puis-je recevoir mon courrier alors que je voyage au Canada? – Poste Canada
Directives d’adressage – Poste Canada
How To Use USPS General Delivery When Online Retailers Won’t Ship To A PO Box – Robert Hayes
Delivery Address – USPS
What is General Delivery – USPS
Pingback: Près d'un mois sur la Route blanche - Félix-Antoine Tremblay